La canne sacrée (Nouvelle) Écrite par: Manal Radwan (Égypte) Traduite par: Khadija Elhamrani (Maroc)
La canne sacrée (Nouvelle)
Écrite par: Manal Radwan (Égypte)
Traduite par: Khadija Elhamrani (Maroc)
Le regard fixant cette canne à pomme d’ivoire posée sur le rebord du siège toujours vacant dans notre ancien club, je le suivais du regard, par habitude ou par ennui je ne sais plus. Il parlait peu mais souriait de temps en temps à ceux qui lui faisaient signe, en réservant un geste de courtoisie à l’égard des dames les plus ennuyeuses ou les plus grincheuses, celles dont l’agitation griffonnaient le visage tiède de l’hiver et dont les rires enveloppaient nos oreilles, au point qu’on n’entendait pas le son du balancier en laiton de l’immense horloge antique qui trônait au-dessus de la cheminée au milieu de la salle. C’était la même horloge dont le responsable du club n’osait pas régler le rythme des carillons pour l’empêcher d’avoir dix bonnes minutes de retard tous les jours.
Il avait l’air très prévenant en gardant sur lui beaucoup de bonbons qu’il offrait aux enfants avec une gentillesse excessive. Jamais il ne s’énervait ni ne se fâchait; même sa voix, jamais elle ne devenait dure que lorsque l’un de nous réprimandait les enfants ou essayait de les empêcher de crier. Il nous interdisait pratiquement cela et exigeait que nous laissions une grande marge de liberté aux enfants.
Liberté… Je l’entendais souvent parler de liberté, j’étais presque certaine que c’est la seule valeur qu’il chérissait, et c’était avant que l’un des hommes ne vienne plaisanter amèrement:
_ Cet énorme octogénaire était directeur d’une des prisons les plus notoires avant d’être démis de ses fonctions suite à son implication dans une affaire de torture, mais après toutes ces années, il confirme encore avoir éte victime d’un complot alors qu’il était toujours au service de son pays! Ses opinions subversives ne sont pas considérées comme de la liberté, je porte toujours un petit appareil pour enregistrer leur vandalisme chuchoteur, le voici.
Je regardai et je le vis sortir d’entre les plis de sa chair et de ses vêtements un appareil Panasonic en l’agitant aux yeux de l’un des membres du club.
Je ne savais pas comment s’était terminée l’altercation verbale qui avait eu lieu entre eux, mais l’octogénère revint et distribua aux enfants des friandises et, à la dame en haut de la table des femmes, d’excessifs gestes courtois.
Je fus tellement surprise par cet homme à tel point que je fus stupéfaite et n’en revins à moi qu’après qu’il ait crié sur quelqu’un qui avait essayé de gronder des enfants:
_ “Laissez-les choisir librement ce qu’ils veulent manger, ne comprenez-vous pas ?”
Les hommes se succédaient en levant la canne et en la soutenant sur le siège avec le respect qui convenait chaque fois qu’il la laissait tomber . Je ne connaissais pas la raison pour laquelle ce fait là me préoccupait, mais je l’observais par derrière un livre…
Et s’il la laissait délibérément tomber chaque fois que quelqu’un passait près de lui ?
Tout le monde se précipitait vers la canne. Je me rendis compte avec le temps qu’ils savaient tous ce qu’il faisait, et qu’ils savaient bien gérer ce jeu du bâton, et peut-être savaient-ils que même s’il était relevé de ses fonctions, il détenait encore un statut qui pourrait les déranger pendant plusieurs jours à venir, alors ils préféraient la sécurité et continueraient à redresser la canne avec respect… Je ne sais pas, c’est du moins ce qui me semblait.
Ce jour-là pourtant, il était très en retard à son rendez-vous, je l’attendis en vain, et je ne connaissais pas le secret de cette inquiétude qui m’étreignait, jusqu’à ce que je le voie marcher de son pas flasque et s’asseoir sur son siège, appuyé sur sa fameuse canne, avant de la lâcher à l’approche du serveur. Je n’osai dorénavant plus le fixer, tout ce qui me préoccupait était la forme de cette étrange tête en ivoire et mon incapacité à connaître le nom de cet animal qui portait une petite tête autour de laquelle s’enroulait un petit corps, formant de la sorte une boule d’ivoire en guise d’animal mythique.
Je me réveillai à nouveau de ma maudite torpeur, les hommes couraient autour de moi en essayant de porter son corps lourd vers l’ambulance.Je ne bougeai pas de mon siège suite à ce choc. Comment un tel homme pouvait-il souffrir ainsi, ils durent également s’interroger, mais cette fois-là, aucun d’eux ne bougea pour soulever la canne ni l’assigner au siège vacant avec le respect qui lui était dû.
العصا المقدسة (قصة قصيرة)
كتبتها: منال رضوان (مصر)
ترجمتها: خديجة الحمراني(المغرب)
كان نظري مثبتًا نحو تلك العصا ذات الرأس العاجي المستندة إلى حافة المقعد الشاغر دائمًا في نادينا العتيق، كنت أتابعه بحكم الاعتياد أو الضجر لا أعرف، لم يكن يتكلم كثيرًا، بل يمرر ابتسامته كل حين لمن يلوح إليه محتفظًا بإيماءة مُجَامِلة لسيدات الطاولة الأكثر إزعاجًا واللاتي يخرمشن وجه الشتاء الدافىء بصخبهن ويغلفن بضحكاتهن آذاننا؛ فلا نسمع صوت البندول النحاسي للساعة الأثرية الضخمة المثبتة أعلى المدفأة في منتصف القاعة، هي الساعة ذاتها التي لم يجرؤ مدير النادي على ضبط إيقاع دقاتها فيمنعها عن الوصول متأخرة عشر دقائق كاملة كل يوم.
يبدو لطيفًا وهو يحتفظ بالكثير من الحلوى؛ يمنحها إلى الأطفال في ود بالغ، لم يكن ينفعل أو يغضب، حتى صوته، لا يزداد صوته غلظة إلا عند توبيخ أحدنا للصبية ومحاولة منعهم عن الصراخ، كان ينهانا عن ذلك ويطالبنا بمنح الصغار الكثير من الحرية.
الحرية.. كثيرًا ما أجده يتكلم عن الحرية، أكاد أجزم أنها القيمة الوحيدة التي يعتنقها، كان ذلك قبل أن يتندر أحدهم مازحًا بملء مرارته:
إن هذا الثمانيني الضخم كان مديرًا لأحد أعتى المعتقلات، وقد أعفي عن منصبه نتيجة تورطه في قضية أدانته بالتعذيب، لكنه وبعد تلك السنوات مازال يؤكد تعرضه لمؤامرة وأنه في خدمة الوطن كل حين، ذلك التجاوز بإبداء الآراء لا يعد من قبيل الحرية، أنا أحمل جهازًا صغيرًا لتسجيل تخريبهم الهامس، ها هو.
أفقت، فإذا به يخرج جهاز باناسونك كان قد توارى بين كتله اللحمية وطيات ملابسه، ملوحًا به إلى أحد الأعضاء…
لم أعرف كيف انتهت تلك المشادة الكلامية التي جرت بينهما، لكنه عاد ومنح الصغار بعض قطع الحلوى وأفرط في إيماءات المجاملة لسيدة تتصدر طاولة النساء.
ما ألقاه الرجل أمامي من مفاجآت أصابني بحال من الشرود لم تبارحني إلا عقب صراخه في أحد الأشخاص الذي حاول توبيخ الصغار … امنحوهم الحرية لاختيار الأطعمة التي يريدونها، ألا تفهمون؟
الرجال هنا يتلاحقون في رفع العصا وإسنادها إلى المقعد بالاحترام اللائق إذا أسقطها مرة بعد مرة، لا أعرف سببًا لانشغالي بأمر كهذا، لكنني كنت أختلس النظر إليه من خلف كتاب، فإذا به يتعمد إسقاطها كلما مر أحدهم إلى جواره!
كان الجميع يتسابقون نحو العصا، أدركت بمرور الوقت أن جميعهم يدركون ما يفعله ويجيدون التصرف حيال لعبة العصا، ولعلهم يعرفون أنه وإن أعفي من منصبه؛ إلا أنه يحمل مكانة يمكنها أن تؤرقهم لعدة أيام قادمة، فيؤثرون السلامة ورفع العصا بالاحترام الواجب.. لا أعرف، ربما.
لكنه اليوم تأخر كثيرا عن موعده، انتظرته بلا جدوى ولا أعرف سر هذا القلق الذي انتابني، حتى رأيته يمشي بخطواته المترهلة ويجلس إلى مقعده، مستندًا إلى عصاه قبل أن يفلتها عند اقتراب النادل، لم أطل النظر إليه فكل ما يشغلني شكل هذا الرأس العاجي العجيب وعجزي عن معرفة اسم هذا الحيوان الذي يحمل رأسًا صغيرًا ويلتف حوله جسد ضيئل، فيشكل كرة عاجية لجسم آدمي ورأس هذا الحيوان الخرافي.
أفقت مرة أخرى من شرودي اللعين، فإذا بهم يهرولون من حولي محاولين حمل جسده الثقيل إلى سيارة الإسعاف، لم أتحرك من جلستي إثر صدمتي؛ كيف يمكن أن يتألم مثل هذا الرجل، كذلك هم كانوا يحملون الكثير من أمارات التعجب وعباراته، لكن هذه المرة لم يتحرك أحدهم لرفع العصا وإسنادها إلى المقعد الشاغر بالاحترام الواجب.